Retard dans le développement du langage : Comment aider votre enfant
Alors que nous attendons avec impatience d’entendre les premiers mots d’un enfant, nous sommes au summum de l’excitation et de l’anticipation. Une attente pouvant aussi nous rendre facilement anxieux, bloquant alors inconsciemment le développement de la parole chez nos enfants.
Samar Haidar, logopède beyrouthine et vice-présidente de l’Association Libanaise de Logopédie, nous a précédemment expliqué la variété de facteurs pouvant se trouver à l’origine du retard du langage, mettant en lumière le rôle que les parents peuvent y jouer.
etcetera a une nouvelle fois discuté avec Samar pour comprendre ce que les parents devraient et ne devraient pas faire face à un retard chez leur enfant du développement de la parole.
Embrouillez-vous votre enfant ?
À un moment ou à un autre, nous avons tous essayé, même de manière inconsciente, d’élever des enfants cultivés pouvant parler plusieurs langues, jonglant avec l’arabe, l’anglais et le français.
Souvent, il est conseillé aux parents d’enfants souffrant d’un retard de parole de ne se focaliser que sur une langue à la maison. La raison à cela est simple : éviter toute confusion.
« Chaque enfant possède une langue maternelle, la base sur laquelle les enfants sont capables de développer d’autres langues », explique Samar en continuant : « Le but ici est de se concentrer sur cette langue maternelle et de la renforcer, pour en faire une référence solide afin d’apprendre d’autres langues ».
Des langues multiples peuvent affecter un enfant quand nous les utilisons dans une même phrase. Cela entraîne de la confusion et un retard langagier possible car selon Samar :« Chaque langue active une certaine partie du cerveau ».
Samar encourage la règle : « Une personne, une langue ». Ce qu’elle conseille donc est d’associer chaque membre de la famille à une seule langue. Par exemple, la mère peut parler à son enfant en français, le père en arabe et une tierce personne en anglais.
« Ainsi, en divisant clairement les langues, l’enfant n’a plus de difficulté à choisir laquelle employer », explique Samar, soulignant que quand une phrase commence en anglais, elle doit aussi finir en anglais. Ajouter des mots en arabe ou en français en plein milieu fera plus de mal que de bien. C’est uniquement quand l’enfant a suffisamment appris de chaque langue séparément que l’on peut commencer à les mélanger.
Comment pouvez-vous aider ?
En tant que parents inquiets, quand nous sentons un possible retard de parole chez nos enfants, nous commençons à insister sur chaque mot et stoppons inconsciemment de parler de manière naturelle.
Poser des questions comme « Comment appelle-t-on cela ? » ne fait que rendre l’enfant encore plus confus. « Le discours se développe quand nous parlons à l’enfant et lui expliquons de manière simple en se focalisant sur des phrases courtes, insistant sur les mots spécifiques et leur donnant du temps pour s’exprimer par eux-mêmes », explique Samar.
Samar suggère de demander l’aide d’un expert si à vingt mois l’enfant n’a pas encore parlé : « Je voudrais insister sur le fait que quand les parents viennent me voir, j’aime leur donner une certaine guidance et surveiller ensuite le progrès à distance plutôt que d’immédiatement soumettre l’enfant à un traitement. Si nous voyons que le progrès est limité, alors nous intervenons ».
Enfin, Samar offre quelques conseils aux parents : « Parlez naturellement, clarifiez les phrases, abaissez-vous pour parler au même niveau que l’enfant en le regardant dans les yeux. Au sein de chaque phrase, focalisez-vous sur un mot et répétez-le pour que l’enfant l’intègre ».
Elle nous rappelle qu’il ne faut pas seulement parler mais aussi donner le temps et l’espace nécessaires à l’enfant pour que celui-ci puisse répondre. Même si vous n’entendez pas de véritables mots, les mignons petits gazouillis comptent aussi. Samar nous rassure en nous affirmant que ce sont ces précieux sons qui se développeront plus tard en de vraies phrases.
***
Basée à Beyrouth, Samar Haidar est logopède et experte en éducation spécialisée. Elle est l’ancienne présidente et l’actuelle vice-présidente de l’Association Libanaise de Logopédie avec plus de vingt ans d’expérience dans ce domaine.